De l’intérêt d’élever nos enfants sans couches

maman allaitante bébé nu

Savez-vous que le petit humain manifeste son envie d’éliminer dès la naissance1 ? À l’instar de ses autres besoins, l’adulte peut l’appréhender et y répondre. Cette pratique a de nombreux avantages écologiques, économiques et sanitaires. Elle permet de réduire l’utilisation des couches, jetables comme lavables, voire de s’en affranchir. À la veille de pénuries irréversibles d’approvisionnement en pétrole et en eau potable, il est urgent que nous nous saisissions de cet enjeu majeur.

Être à l’écoute de son corps et de celui de son enfant

Naturaliste, j’ai toujours eu une conscience aiguë de mon environnement. Je conservais tout de même une distance avec ce dernier. En devenant mère, mon esprit mammalien a pris le dessus. Pour interpréter et répondre aux demandes de mon bébé, mon corps et ma pensée se sont adaptés2. Moult espérances se sont ainsi éveillées : j’accoucherais dans l’intimité de mon foyer, j’allaiterais et j’éveillerais ma progéniture à ce qui l’entoure.

Avec le recul, je trouve insensé notre dépendance aux couches. Mais, mis à part le lobby des couches, peut-on blâmer quelqu’un·e dans cette affaire ? Nous sommes si éloignés de notre tempérament animal. La couche est un archétype du bébé humain occidental.

L’impact environnemental et sanitaire des couches

Les couches jetables représentent 40 % des ordures ménagères des familles avec enfant de moins de deux ans, et une tonne de déchets pour un seul bambin jusqu’à ses trois ans. Chaque année, en France, les trois milliards de couches jetables vendues produisent 750 000 tonnes de déchets3. Ces derniers sont enfouis ou incinérés, faute d’alternatives suffisantes. En effet, les couches jetables estampillées écologiques sont compostables dans des conditions optimales rarement atteintes et conservent une part non négligeable de matières plastiques (polyéthylène, polypropylène et PLA).

De plus, un rapport de l’Anses4 fait état de la présence de nombreuses substances chimiques dans les couches jetables, écologiques ou conventionnelles, dont certaines sont reconnues comme cancérigènes : COV5, pesticides, parfums, etc. À ce jour, aucune étude n’a mis en évidence de relations entre le port de couches jetables et le cancer des gonades ou l’infertilité. En revanche, il est avéré que les enfants de moins de trois ans connaissent des périodes de modifications endocrines intenses et de plasticité épigénétique6.

La production et l’élimination des couches jetables sont les étapes les plus polluantes de leur cycle de vie. Cependant, l’alternative proposée par les couches lavables n’en est pas vraiment une : durée de vie de 250 lavages (deux ans), tissu imperméable en polyester pas toujours recyclé, tissu absorbant pas nécessairement en fibres végétales, et impact environnemental équivalent aux couches jetables dû aux mauvaises pratiques d’entretien (lavage à 90°, sèche-linge et électroménager défaillant)7.

D’autre part, toute couche entrave le développement moteur de l’enfant. Ainsi affublé, le petit d’Homme est désuni de son ressenti corporel, ne pouvant voir ou toucher ses parties génitales qu’en de rares occasions. Sans conscience de sa physiologie, il s’avère compliqué de le déshabituer de porter une couche (possible apopatophobie8).

La commodité de façade suscitée par les couches n’est pas suffisante face à tous les problèmes qu’elles engendrent. Une solution inhérente à notre espèce subsiste, pratiquée par une majorité de nos congénères.

Répondre au besoin d’élimination du bébé : l’hygiène naturelle infantile

Avez-vous remarqué les mimiques d’un bébé juste avant qu’il n’urine ou défèque ? Il est possible de comprendre son besoin d’élimination et de l’aider à se soulager. Cette pratique se nomme l’hygiène naturelle infantile (HNI). Comme pour d’autres usages que nous avons abandonnés avec l’avènement technologique, nous avons nommé l’HNI pour nous la réapproprier. Pourtant, les trois quarts de l’espèce humaine n’ont jamais cessé d’écouter ce besoin.

En plus des avantages écologiques explicités précédemment, pratiquer l’HNI permet :

  • d’économiser 2.000 euros par enfant3 ;
  • de prendre une position respectueuse de la physionomie et de la physiologie de l’enfant comme de l’adulte1;
  • de repérer et de soigner rapidement une constipation, une infection urinaire, une mycose ou une intolérance alimentaire9;
  • de soulager coliques et érythème fessier9.

J’ai pratiqué l’HNI avec mes filles. Je les ai accompagnées vers la continence progressivement, tout en limitant les couches. J’ai continué à mener une vie occidentale ordinaire, avec travail et mode de garde, sans charge mentale supplémentaire… Le caca collé aux fesses en moins (!)

Comment accompagner le changement de paradigme sociétal ?

Comme l’allaitement maternel et l’accouchement physiologique, l’HNI gagne en visibilité ces dernières années. Groupes d’échanges, livres, accompagnement individuel : la dynamique s’enclenche. Il convient de la poursuivre en l’intégrant aux formations des professionnels de santé et de la petite enfance, ainsi qu’en lui apportant le soutien de la sphère politique.

 

Céline Le Briand alias Arzhella, naturaliste et mère de deux enfants, accompagne les familles souhaitant vivre une parentalité intuitive, mêlant sciences, sobriété et spontanéité, pour apporter une réponse aux enjeux écologiques contemporains10.

 

Notes

  1. Sans couches, c’est la liberté, Ingrid Bauer, éditions l’Instant présent, 2006
  2. Bébé est un mammifère, Michel Odent, éditions l’Instant présent, 2014
  3. Enquête de Zéro Waste France, 2019
  4. Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, rapport scientifique de 2019
  5. Composés Organiques Volatils
  6. Rapport sur les causes d’infertilité : vers une stratégie nationale de lutte contre l’infertilité, Samir Hamamah et Salomé Berlioux, 2022
  7. Chiffres clés sur les couches jetables et lavables, ADEME, 2013
  8. Peur de déféquer et de ses excréments
  9. Hygiène naturelle infantile : pourquoi s’y essayer ?
  10. Pour en savoir plus : www.arzhella.com

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